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OÙ, EN GUISE DE PRÉFACE,
L’AUTEUR PLANTE UN DÉCOR.


SAINT-ALBERT : 22 000 habitants ; chef-lieu du comté du même nom, sur la rive droite du Saint-Laurent ; 21 milles en aval de Montréal. Industries principales : chaussures, tissages, conserves de légumes. Quatre paroisses : Saint-Albert, Notre-Dame-de-la-Pitié, Saint-Nicolas et Saint-Pierre-et-Paul. Vieux manoir du XVIIIème (en ruines), moulin de la même époque.

Que le lecteur, après avoir lu ces lignes, n’aille pas ouvrir son atlas ou l’une de ces cartes routières que les compagnies distributrices d’essence pour auto offrent à leur clientèle : il ne trouverait nulle part mention d’une ville de vingt-deux mille âmes, à quelque vingt milles en aval de Montréal, et dont les habitants puissent s′appeler des Saint-Albertains, voire des Saint-Albertois.

C’est que Saint-Albert n’existe pas.

Il fallait bien, n’est-ce pas, que l’auteur plantât son décor quelque part ? Il lui fallait bien donner à cette ville, qu’il voulait sœur — et sœur très ressemblante — de nos cités québécoises, un nom qui fut plausible et pas trop laid. Il a choisi Saint-Albert de préférence à Saint-Patrice-des-Engelures ou Sainte-Léontine-du-Pain-Bénit, parce qu’il ne voulait pas donner au lecteur l’illusion d’être au seuil d’un monument humoristique, pas plus qu’il ne désirait coller sur ses personnages, une étiquette de ridicule qui leur serait restée jusqu’au dernier chapitre.