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LES LORTIE

bée de la nuit, et ce fut d’une voix résignée qu’il annonça :

— La parole est à la défense.

— Votre Seigneurie, commença Martin, aucune plaidoirie ne peut valoir le témoignage que nous venons d’entendre. Je dirai simplement ceci : l’accusé est innocent, la preuve est faite et je demande son acquittement.

Des bravos crépitèrent, que le greffier eut bien de la peine à faire taire. Falardeau, invité à parler à son tour, prononça, sans conviction, un réquisitoire où il était question du bien de la jeunesse en général, de l’avenir de l’accusé en particulier, de l’exemple qu’il fallait faire, et qui se terminait par une demande de l’application du maximum de la peine prévue par la loi.

Puis ce fut le silence qui précède les sentences. Celle du juge Mercure fut courte.

— Considérant, prononça-t-il, que la preuve de l’accusation portée contre l’inculpé n’a pu être faite par la poursuite ; considérant qu’il ressort des témoignages entendus que l’arme, qui fait l’objet du délit, n’était pas en la possession de l’accusé avant le soir de son arrestation : nous déclarons Marcel-Edouard-Joseph Lortie honorablement acquitté, et nous ordonnons sa mise en liberté immédiate.

Cette fois, le greffier ne tenta même plus d’empêcher les manifestations. Ce fut au milieu d’un tonnerre d’applaudissements que le juge se retira et que Marcel se jeta dans les bras de sa sœur.

La pièce était jouée, et le public, qui aime les fins heureuses, l’avait trouvée belle.

Seul sans doute, Falardeau n’était pas content. Mais de cela, personne ne se préoccupait.