Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
LES LORTIE

— Dites-moi, monsieur Vachon, puisque Marcel Lortie n’a pas voulu prendre votre revolver, comment se fait-il qu’après la bagarre, au poste de police, on l’ait trouvé dans sa poche ?

— Ah ! ben ça, c’est pas malin. Quand j’ai vu arriver la patrouille[1], je me suis dit que ça serait peut-être pas une ben bonne affaire d’être poigné avec ce fusil-là dans mes poches, ça fait que je l’ai mis dans la première poche que j’ai trouvé. Ça me fait ben de la peine, mais c’était celle de ce petit gars-là !

C’était au tour de maître Martin à triompher. Et son triomphe plaisait au public car, malgré la majesté du lieu et les avertissements préalables, quelques applaudissements crépitèrent. Le marteau du greffier n’eut cependant que très peu de peine à faire rentrer les choses dans l’ordre.

Mais comme, après avoir remercié le témoin, l’avocat de Marcel regagnait sa place, Falardeau se leva :

— Votre Seigneurie, je voudrais poser quelques questions au témoin, moi aussi.

— Je vous ferai remarquer, maître, que vous avez renoncé à ce privilège tout-à-l’heure.

— Je l’admets, Votre Seigneurie, je l’admets ; seulement je n’avais pas entendu le conte de fées que le témoin vient de raconter.

Il y eut un « Oh ! » de protestation dans la salle, et le juge traduisit nettement sa désapprobation par un haussement d’épaules excédé.

— Soit, dit-il, soit, interrogez, mais faites vite. Falardeau, avec une grimace de croquemitaine, s’approcha de Vachon.

— Vous venez, lui dit-il, de jurer de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

— Ben oui.

  1. Employé ici pour, « voiture cellulaire ».