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nant ; te voilà pape : tu ne peux pas désirer d’être quelque chose de plus.

— J’y réfléchirai, » dit la femme.

Là-dessus, ils allèrent se coucher. Mais elle n’était pas contente ; l’ambition l’empêchait de dormir, et elle pensait toujours à ce qu’elle voudrait devenir.

L’homme dormit très-bien, et profondément : il avait beaucoup marché tout le jour. Mais la femme ne put s’assoupir un instant ; elle se tourna d’un côté sur l’autre pendant toute la nuit, pensant toujours à ce qu’elle pourrait devenir, et ne trouvant plus rien à imaginer. Cependant le soleil se levait, et, quand elle aperçut l’aurore, elle se dressa sur son séant et regarda du côté de la lumière. Lorsqu’elle vit que les rayons du soleil entraient par la fenêtre :

« Ah ! pensa-t-elle, ne puis-je aussi commander de se lever au soleil et à la lune ?… Mon homme, dit-elle en le poussant du coude, réveille-toi, va trouver la barbue : je veut devenir, pareille au bon Dieu. »

L’homme était encore tout endormi, mais il fut tellement effrayé qu’il tomba de son lit. Il pensa qu’il avait mal entendu ; il se frotta les yeux et dit : « Ah ! femme, que dis-tu ?

— Mon homme, dit-elle, si je ne peux pas ordonner au soleil et à la lune de se lever, et s’il faut