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court[1]. Au même instant on entendit un craquement épouvantable ; une motte de terre se détacha et sauta comme une bombe par dessus le palais, et il jaillit un jet d’eau haut comme un homme à cheval et pur comme le cristal ; les rayons du soleil s’y jouaient en étincelant. Le roi, en voyant cela, fut au comble de l’étonnement ; il prit le tailleur dans ses bras et l’embrassa devant tout le monde.

Mais le repos du bon petit homme ne fut pas de longue durée. Le roi avait plusieurs filles, plus belles les unes que les autres, mais pas de fils. Le méchant cordonnier se rendit une quatrième fois près du roi, et lui dit : « Sire, le tailleur n’a rien rabattu de son orgueil ; à présent, il se vante que, quand il voudra, il vous fera venir un fils du haut des airs.  »

Le roi manda le tailleur, et lui dit que s’il lui procurait un fils dans huit jours, il lui donnerait sa fille aînée en mariage. « La récompense est honnête, se disait le petit tailleur, on peut s’en contenter ; mais les cerises sont trop hautes ; si je monte à l’arbre, la branche cassera et je tomberai par terre. » Il alla chez lui et s’assit, les jambes croisées, sur son établi, pour réfléchir à ce qu’il devait faire.

  1. C'est une tradition populaire en Allemagne que les chevaux découvrent les sources cachées. (Note du traducteur.)