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Le pauvre tailleur se dit : « Voilà qui va de mal en pis ; on me demande l’impossible. » Il fit son paquet et quitta la ville.

Quand il fut arrivé au pied de l’arbre creux, il s’assit en baissant la tête. Les abeilles volaient autour de lui ; la reine lui demanda, en lui voyant la tête si basse, s’il n’avait pas le torticolis. « Non, dit-il, ce n’est pas là que le mal me tient ; » et il lui raconta ce que le roi avait demandé. Les abeilles se mirent à bourdonner entre elles, et la reine lui dit : « Retourne chez toi, et reviens demain à la même heure avec une grande serviette ; tout ira bien. »

Il rentra chez lui, mais les abeilles volèrent au palais et entrèrent par les fenêtres ouvertes pour fureter partout et examiner toutes choses dans le plus grand détail ; et, se hâtant de regagner leur ruche, elles construisirent un palais en cire avec une telle promptitude qu’on aurait pu le voir s’élever à vue d’œil. Dès le soir tout était prêt, et quand le tailleur arriva le lendemain, il trouva le superbe édifice qui l’attendait, blanc comme la neige et exhalant une douce odeur de miel, sans qu’il manquât un clou aux murs ni une tuile au toit. Le tailleur l’enveloppa avec soin dans la serviette et le porta au roi, qui ne pouvait en revenir d’admiration. Il fit placer le chef-d’œuvre dans la grande salle de son palais, et récompensa le