soleil, mais mon estomac n’a pas retrouvé de pain. La première chose à peu près mangeable que je rencontrerai y passera. »
En même temps il vit une cigogne qui s’avançait gravement dans la prairie. « Arrête, lui cria-t-il en la saisissant par une patte ; j’ignore si tu es bonne à manger, mais la faim ne me laisse pas le choix ; je vais te couper la tête et te faire rôtir.
— Garde-t’en bien, dit la cigogne ; je suis un oiseau sacré utile aux hommes, et personne ne me fait jamais de mal. Laisse-moi la vie, je te revaudrai cela peut-être une autre fois.
— Eh bien donc, dit le tailleur, sauve-toi, commère aux longs pieds. »
La cigogne prit son vol et s’éleva tranquillement dans les airs en laissant pendre ses pattes.
« Qu’est-ce que tout cela va devenir ? se dit-il ; ma faim augmente et mon estomac se creuse cette fois, le premier être qui me tombe sous la main est perdu. »
À l’instant même il vit deux petits canards qui nageaient sur un étang. « Ils viennent bien à propos », pensa-t-il ; et en saisissant un, il allait lui tordre le cou.
Mais une vieille cane, qui était cachée dans les roseaux, courut à lui le bec ouvert, et le pria en pleurant d’épargner ses petits. « Pense, lui dit-elle, à la douleur de ta mère, si on te donnait le coup de la mort.