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c’était le malheur du roi ; mais parler, c’était sa propre perte. Enfin il se dit à lui-même : « Je sauverai mon maître, dût-il m’en coûter la vie. »

Au débarquement, tout se passa comme la corneille l’avait prédit. Un magnifique cheval roux fut présenté au roi. « Bien, dit-il, je vais le monter jusqu’au palais. » Et il allait l’enfourcher, quand le fidèle Jean, passant devant lui, s’élança dessus, tira le pistolet des fontes et étendit le cheval roide mort.

Les autres serviteurs du roi, qui n’aimaient guère le fidèle Jean, s’écrièrent qu’il fallait être fou pour tuer un si bel animal que le roi allait monter. Mais leur roi leur dit : « Taisez-vous, laissez-le faire ; c’est mon fidèle, il a sans doute ses raisons pour agir ainsi. »

Ils arrivèrent au palais et, dans la première salle, la chemise de noces était posée sur un plat ; il semblait qu’elle fût d’or et d’argent. Le prince allait y toucher, mais le fidèle Jean le repoussa et, la saisissant avec des gants, il la jeta au feu qui la consuma à l’instant même. Les autres serviteurs se mirent à murmurer : « Voyez, disaient-ils, le voilà qui brûle la chemise de noces du roi. »

Mais le jeune roi répéta encore : « Il a sans doute ses raisons. Laissez-le faire ; c’est mon fidèle. »

On célébra les noces. Il y eut un grand bal et la mariée commença à danser. Dans ce moment le