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encore sa fiancée. Quand ils entreront ensemble dans le palais, on lui présentera sur un plat une magnifique chemise de noces qui semblera tissée d’or et d’argent ; mais elle n’est réellement que poix et soufre ; si le roi la met, elle le brûlera jusqu’à la moelle des os.

— N’y a-t-il donc aucune ressource ? dit la troisième.

— Il y en a une, répondit la seconde : il faut qu’une personne munie de gants saisisse la chemise et la jette au feu. La chemise brûlée, le roi sera sauvé. Mais à quoi sert cela ? Celui qui le saurait et le dirait se verrait changé en pierre depuis les genoux jusqu’au cœur. »

La troisième corneille ajouta : « Je sais quelque chose de plus encore. En supposant la chemise brûlée, le jeune roi ne possédera pas encore sa femme. S’il y a un bal de noces et que la jeune reine y danse, elle s’évanouira tout d’un coup et tombera comme morte ; et elle le sera réellement si quelqu’un ne la relève pas aussitôt et ne lui suce pas sur l’épaule droite trois gouttes de sang qu’il crachera immédiatement. Mais celui qui saurait cela et qui le dirait serait changé en pierre de la tête aux pieds. »

Après cette conversation, les corneilles reprirent leur vol. Le fidèle Jean, qui avait tout entendu, resta depuis ce temps triste et silencieux. Se taire,