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Le fidèle Jean le retint encore et lui dit : « J’ai promis à votre père, à son lit de mort, de ne pas vous laisser entrer dans cette chambre : il en pourrait résulter les plus grands malheurs pour vous et pour moi.

— Le malheur le plus grand, répliqua le roi, c’est que ma curiosité ne soit pas satisfaite. Je n’aurai de repos que lorsque mes yeux auront vu. je ne sors pas d’ici que tu ne m’aies ouvert. »

Le fidèle Jean, voyant qu’il n’y avait plus moyen de s’y refuser, alla, le cœur bien gros et en soupirant beaucoup, chercher la clef au grand trousseau. Quand la porte fut ouverte, il entra le premier, tâchant de cacher le portrait avec son corps ; tout fut inutile : le roi, en se dressant sur la pointe des pieds, l’aperçut par-dessus son épaule. Mais en voyant cette image de jeune fille si belle et si brillante d’or et de pierreries, il tomba sans connaissance sur le parquet. Le fidèle Jean le releva et le porta sur son lit, tout en murmurant : « Le malheur est fait ; grand Dieu ! qu’allons-nous devenir ? » et il lui fit prendre un peu de vin pour le réconforter.

Le premier mot du roi, quand il revint à lui, fut pour demander quel était ce beau portrait. « C’est celui de la princesse du Dôme d’or, répondit le fidèle Jean.

— Mon amour pour elle est si grand, continua