— Eh bien ! dit le paysan, puisque vous n’avez pas peur, venez m’aider à garder cette tombe.
— Volontiers , répondit le soldat ; monter la garde, c’est mon métier. Restons ensemble, nous partagerons le bien comme le mal qui se présentera. »
Ils s’assirent tous deux sur le tombeau.
Tout resta tranquille jusqu’à minuit. A ce moment, on entendit dans l’air un coup de sifflet aigu, et les deux gardiens virent devant eux le diable en personne. « Hors d’ici, canailles, leur cria-t-il ; ce mort m’appartient, je vais le prendre, et, si vous ne décampez au plus vite, je vous tords le cou.
— Seigneur à la plume rouge, lui répondit le soldat, vous n’êtes pas mon capitaine ; je n’ai pas d’ordres à recevoir de vous, et vous ne me ferez pas peur. Passez votre chemin, nous restons ici. »
Le diable pensa qu’avec de l’argent il viendrait à bout de ces deux misérables, et prenant un ton plus doux, il leur demanda tout familièrement si, moyennant une bourse pleine d’or, ils ne consentiraient pas à s’éloigner. « A la bonne heure, reprit le soldat, voilà qui est parler, mais une bourse d’or ne nous suffit pas ; nous ne quitterons la place que si vous nous en donnez de quoi remplir une de mes bottes.
— Je n’ai pas sur moi ce qu’il faut, dit le diable ; mais je vais en aller chercher. Dans la ville ici près