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LA TOMBE.


Un riche fermier était un jour devant sa porte, considérant ses champs et ses jardins ; la plaine était couverte de ses moissons et ses arbres étaient chargés de fruits. Le blé des années précédentes encombrait tellement ses greniers, que les poutres des planchers cédaient sous le poids. Ses étables étaient pleines de bœufs à l’engrais, de vaches grasses et de chevaux reluisants de santé. Il entra dans sa chambre, et jeta les yeux sur le coffre-fort dans lequel il enfermait son argent. Mais, comme il était absorbé dans la contemplation de ses richesses, il crut entendre une voix secrète qui lui disait : « Avec tout cet or, as-tu rendu heureux ceux qui t’entouraient ? as-tu songé à la misère des pauvres ? as-tu partagé ton pain avec ceux qui avaient faim ? T’es-tu contenté de ce que tu possédais, et n’en as-tu jamais envié davantage ? »

Son cœur n’hésita pas à répondre : « J’ai toujours été dur et inexorable ; je n’ai jamais rien fait pour mes parents ni pour mes amis. Je n’ai jamais