Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée
288

bablement un jeu : « Pour se distraire, disait-il en lui-même, on peut bien faire des choses inutiles, surtout ici, où je vois bien que la paresse règne sans partage. »

Plus loin encore, il vit une voiture embourbée dans un trou profond. « Ce n’est pas étonnant, dit-il à l’homme qui était auprès ; elle est si mal chargée ! Qu’est-ce quevous portez là ?

— De bonnes pensées. Je n’ai pas pu les amener à bien ; mais heureusement j’ai fait monter ma voiture jusqu’ici ; on ne m’y laissera pas dans l’embarras. »

En effet, il vint un ange qui attela deux chevaux devant la voiture. « Très-bien, dit M. Pointu ; mais deux chevaux ne suffiront pas ; il en faudrait au moins quatre. »

Un autre ange arriva avec deux autres chevaux ; mais, au lieu de les atteler aussi par devant, il les attela par derrière. Cette fois, c’était trop fort pour M. Pointu : « Têtebleu ! s’écria-t-il, que fais-tu là ? A-t-on jamais vu atteler ainsi, depuis que le monde est monde ? Mais, dans leur aveugle orgueil, ils croient tout savoir mieux que les autres, » Il allait continuer, mais un des célestes habitants le saisit au collet et le lança dans les airs avec une force irrésistible. Cependant il eut encore le temps d’apercevoir par-dessous la porte la voiture qui était enlevée en l’air par quatre chevaux ailés.