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— Monsieur, répond l’apprenti, vous avez raison, sans doute ; ce soulier ne vaut rien ; mais c’est celui que vous venez de tailler et de coudre vous-même. Vous l’avez fait tomber tout à l’heure en vous levant, et je n’y ai touché que pour le ramasser ; mais un ange du ciel ne parviendrait pas à vous satisfaire. »

M. Pointu rêva une nuit qu’il était mort et sur la route du paradis. En arrivant à la porte il frappa, et saint Pierre ouvrit pour voir qui était là. « Ah ! c’est vous, dit- il, monsieur Pointu ; je vais vous faire entrer. Mais, je vous en avertis, ne critiquez rien de ce que vous verrez dans le ciel, autrement il vous arriverait malheur.

— Vous auriez pu vous dispenser de cet avertissement, répliqua M. Pointu, je connais les convenances, et, Dieu merci, tout est parfait ici ; ce n’est pas comme sur la terre. »

Il entra donc et se mit à parcourir les vastes espaces du ciel. Il regardait de tous côtés, à droite et à gauche ; mais il ne pouvait de temps en temps s’empêcher de hocher la tête et de grommeler entre ses dents. Il aperçut enfin deux anges qui portaient une grosse pièce de bois. C’était une poutre qu’un homme avait eue dans l’œil pendant qu’il cherchait une paille dans celui de son voisin. Mais les anges, au lieu de la porter dans sa longueur, la tenaient de côté. « A-t-on jamais vu pareille maladresse ? »