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toujours sans que personne apparût ; mais à la fin le jeune homme vit des doigts, sans rien de plus, qui chargeaient les assiettes et s’escrimaient dessus avec les fourchettes et les couteaux. Comme il avait faim et que les plats fumaient, il se mit aussi à table et mangea à son appétit.

Quand il eut fini de souper et que les plats vides annoncèrent que les invisibles avaient fini également, il entendit distinctement qu’on soufflait les lumières, et elles s’éteignirent toutes à la fois ; alors, dans l’obscurité, il sentit sur sa joue quelque chose comme un soufflet. « Si l’on recommence, dit-il tout haut, je m’y mets aussi. » Il en reçut cependant un second, et alors il riposta. Les soufflets donnés et rendus continuèrent toute la nuit, et le jeune géant ne s’épargna pas à ce jeu. Au point du jour tout cessa. Le meunier arriva et s’étonna de le trouver encore en vie. « Je me suis régalé, lui dit le géant ; j’ai reçu des soufflets, mais je les ai bien rendus. »

Le meunier était plein de joie, car son moulin était délivré ; il voulait donner au géant beaucoup d’argent pour le remercier. « De l’argent, dit celui-ci, je n’en veux pas ; j’en ai phis qu’il ne m’en faut. » Et prenant ses sacs de farine sur son dos, il retourna à la ferme et déclara au fermier que sa commission était finie et qu’il voulait ses gages.

Le fermier était bien effrayé ; il ne pouvait tenir en place, il allait et venait dans la chambre et les