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maître-valet et je veux rester tel ; mais ce qui a été convenu doit être exécuté. »

Le fermier offrit de lui donner tout ce qu’il demanderait ; mais ce fut en vain ; il répondit toujours : « Non. » Le fermier, ne sachant plus à quel saint se vouer, réclama un répit de quinze jours pour chercher quelque échappatoire ; l’autre y consentit. Alors le fermier rassembla tous ses gens et leur demanda conseil. Après y avoir longuement réfléchi, ils répondirent qu’avec un tel maître-valet personne n’était sûr de sa vie, et qu’il tuerait un homme comme une mouche. Ils étaient donc d’avis qu’il fallait le faire descendre dans le puits, sous prétexte de le nettoyer, et, une fois qu’il serait en bas, lui jeter sur la tête des meules de moulin qui étaient déposées près de là, de façon à le tuer sur la place.

Le conseil plut au fermier, et le maître valet s’apprêta à descendre dans le puits. Quand il fut au fond, ils lui jetèrent des meules énormes, et ils lui croyaient la tête écrasée ; mais il cria d’en bas : « Chassez les poules de là-haut ; elles grattent dans le sable et m’en envoient des grains dans les yeux ; j’en suis aveuglé. » Le fermier fit : « Chou ! chou ! » comme s’il avait chassé les poules. Quand le maître valet eut fini et qu’il fut remonté : « Voyez, dit-il, mon beau collier. » C’était la plus grande des meules qu’il avait autour du cou.