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Et, sans pousser plus loin, il se contenta d’arracher deux arbres énormes qu’il jeta sur sa charrette, puis il prit le chemin du retour. Quand il arriva devant l’abatis qu’il avait préparé, les autres y étaient arrêtés et ne pouvaient pas passer. « Eh bien ! leur dit-il, si vous étiez restés comme moi ce matin, vous auriez dormi une heure de plus, et vous n’en seriez pas rentrés plus tard ce soir. » Et comme ses chevaux ne pouvaient plus avancer, il les détela, les mit sur la charrette, et, prenant lui-même le timon à la main, il entraîna tout cela comme une poignée de plumes. Quand il fut de l’autre côté : « Vous voyez, dit-il aux autres, que je m’en tire plus vite que vous. » Et il continua son chemin sans les attendre. Arrivé dans la cour, il prit un arbre à sa main et le montra au fermier en disant : « N’est-ce pas une jolie bûche ? » Le fermier dit à sa femme : « C’est un bon serviteur ; s’il se lève plus tard que les autres, il est de retour avant eux. »

Il servit le fermier pendant un an. Quand l’année fut expirée et que les autres valets reçurent leurs gages, il demanda aussi à se payer des siens. Mais le fermier terrifié de la perspective des coups à recevoir, le pria instamment de lui en faire remise, lui déclarant qu’il aimerait mieux devenir lui-même son valet, et le faire fermier à sa place. « Non, répondit-il, je ne veux pas être fermier ; je suis