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corps d’une éclatante blancheur. Il vit bien que c’était l’ondine de l’étang, et, tout effrayé, il ne savait s’il devait rester ou s’enfuir. Mais l’ondine fit entendre sa douce voix, l’appela par son nom et lui demanda pourquoi il était si triste. Le meunier resta muet d’abord ; mais, l’entendant parler si gracieusement, il prit courage et lui raconta qu’il avait jadis vécu dans le bonheur et la’ richesse, mais qu’il était maintenant si pauvre qu’il ne savait plus que faire.

« Sois tranquille, répondit l’ondine, je te rendrai plus riche et plus heureux que tu ne l’as jamais été ; seulement il faut que tu me promettes de me donner ce qui vient de naître dans ta maison.

— C’est quelque jeune chien ou un jeune chat sans doute, » se dit tout bas le meunier. Et il lui promit ce qu’elle demandait.

L’ondine se replongea dans l’eau, et il retourna bien vite, consolé et tout joyeux, à son moulin. Il n’y était pas arrivé encore, que la servante sortit de la maison et lui cria qu’il n’avait qu’à se réjouir, que sa femme venait de lui donner un garçon. Le meunier demeura comme frappé du tonnerre : il vit bien que la malicieuse ondine avait su ce qui se passait et l’avait trompé. La tête basse, il s’approcha du lit de sa femme, et, quand elle lui demanda : a Pourquoi ne te réjouis-tu pas de la venue de notre beau garçon ? » il lui raconta ce