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s’approcher de la fontaine, se dépouiller de la peau pour se laver, quand ses cheveux dorés se déroulèrent sur elle, et qu’elle se montra belle plus qu’il n’avait vu aucune femme au monde ! A peine osait-il respirer, mais il allongeait le cou à travers le feuillage autant qu’il pouvait, et il la regardait sans détourner les yeux ; soit qu’il se fût penché trop, ou pour une autre cause, une branche vint à craquer tout à coup, et au même instant la jeune fille se trouva cachée sous la peau ; elle bondit comme un chevreuil, et la lune s’étant voilée en ce moment, elle fut dérobée à son regard.

A peine avait-elle disparu que le comte descendit de l’arbre et se mit à la poursuivre en toute hâte. Il n’avait fait que quelques pas, lorsqu’il vit dans le crépuscule deux personnes qui marchaient à travers la prairie. C’étaient le roi et la reine, qui de loin avaient aperçu une lumière dans la maison de la vieille, et s’étaient dirigés de ce côté. Le comte leur raconta quelles merveilles il avait vues près de la fontaine, et ils ne doutèrent point que celle dont il parlait ne fût leur fille perdue. Ils avancèrent tout joyeux, et arrivèrent bientôt à la maison. Les oies étaient rangées alentour ; elles dormaient la tête cachée sous les ailes, et aucune ne bougeait. Ils regardèrent en dedans du logis par la fenêtre, et aperçurent la vieille qui était assise