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verser de l’huile sur du feu ; il pourrait bien devenir amoureux de toi. »

Le comte ne savait s’il devait rire ou pleurer.

« Une mignonne de cette façon, pensa-t-il tout bas, eût-elle trente ans de moins, ne me chatouillerait pas le cœur. » Cependant la vieille choya, caressa les oies comme des enfants, puis rentra avec sa fille dans la maison. Le jeune homme s’étendit sur le banc, sous un pommier sauvage. L’atmosphère était douce et tiède ; autour de lui s’étendait une vaste prairie, émaillée de primevères, de thym sauvage et de mille autres fleurs : au milieu murmurait un clair ruisseau, éclairé des rayons du soleil ; et les oies blanches se promenaient sur les bords ou se plongeaient dans l’eau. « Cet endroit est délicieux, dit-il ; mais je suis si fatigué que je ne puis tenir les yeux ouverts ; je veux dormir un peu. Pourvu qu’un coup de vent ne vienne pas enlever mes jambes ; car elles sont molles comme de l’amadou. »

Quand il eut dormi un instant, la vieille vint et le réveilla en le secouant. « Lève-toi, dit-elle ; tu ne peux rester ici. Je t’ai un peu tourmenté, il est vrai, mais il ne t’en a pourtant pas coûté la vie. Maintenant je veux te donner ton salaire ; tu n’as pas besoin d’argent ni de bien ; je t’offre autre chose. »

En disant cela, elle lui mit en main une petite