rêtait, la vieille lui frappait les jambes avec une baguette et des chardons. Il gravit tout haletant la montagne et arriva enfin à la maison de la vieille, au moment même où il allait succomber à l’effort. Quand les oies aperçurent la vieille, elles étendirent leurs ailes en haut, le cou en avant, et coururent au-devant d’elle en poussant leur cri : « Houle, houle ! » Derrière le troupeau marchait avec une baguette à la main une vieille créature, grande et forte, mais laide comme la nuit. « Mère, dit-elle à la vieille, vous est-il arrivé quelque chose ? vous êtes restée absente bien longtemps.
— Point du tout, mon enfant, répondit-elle, il ne m’est rien arrivé de fâcheux ; au contraire, ce bon monsieur que tu vois m’a porté mon fardeau ; et encore, comme j’étais fatiguée, il m’a prise moi-même sur son dos. Le chemin ne nous a point du tout paru long, nous étions en bonne humeur, et n’avons cessé d’échanger de bons mots. »
Enfin la vieille se laissa glisser à terre ; elle enleva la charge du dos du jeune homme, les corbeilles de ses mains, le regarda gracieusement et lui dit : « Maintenant asseyez-vous sur le banc devant la porte, et reposez-vous. Vous avez loyalement gagné votre salaire : aussi ne le perdrez-vous pas.» Puis elle dit à la gardeuse d’oies : « Rentre dans la maison, mon enfant ; il n’est pas convenable que tu restes seule avec ce jeune monsieur ; il ne faut pas