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remit en route. Mais au milieu du trajet il se sentit fatigué, et, posant la cruche à terre, il se coucha pour dormir un somme ; seulement il eut le soin de mettre sous sa tête un crâne de cheval qu’il trouva par terre, afin que la dureté du coussin ne tardât pas à l’éveiller.

Cependant la princesse, qui courait aussi bien que peut le faire une personne à l’état naturel, était arrivée à la fontaine, et elle se hâtait de revenir après avoir rempli sa cruche. Elle rencontra le coureur endormi. « Bon, se dit-elle joyeusement, l’ennemi est entre mes mains. » Elle vida la cruche du dormeur et continua son chemin.

Tout était perdu, si par bonheur le chasseur, posté sur le haut du château, n’avait pas vu cette scène avec ses yeux perçants. « Il ne faut pourtant pas, se dit-il, que la princesse l’emporte, » et, d’un coup de sa carabine, il brisa sous la tête du coureur, et sans lui faire aucun mal, le crâne de cheval qui lui servait d’oreiller. L’autre, se réveillant en sursaut, s’aperçut que sa cruche était vide et que la princesse avait déjà pris une grande avance. Mais sans perdre courage il retourna à la fontaine, remplit de nouveau sa cruche et fut encore arrivé au terme de sa course dix minutes plus tôt que la princesse. « A la fin, dit-il, j’ai vraiment remué les jambes ; ce que j’avais fait auparavant, je n’appelle pas cela courir. »