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Mais qu’était devenue la chèvre, qui était cause que le tailleur avait chassé ses trois fils de chez lui ? Je vais vous le conter.

Comme elle était honteuse de sa tête pelée, elle courut se cacher dans un terrier de renard. Le renard, en rentrant chez lui, aperçut dans l’obscurité deux grands yeux qui étincelaient comme des charbons ardents ; la peur le prit et il s’enfuit. L’ours qui le rencontra, voyant son trouble, lui dit : « Qu’y a-t-il donc, frère renard ? d’où te vient cet air effaré ?

— Ah ! répondit l’autre, il y a au fond de mon terrier un monstre épouvantable, qui m’a regardé avec des yeux enflammés.

— Nous l’aurons bientôt chassé, » dit l’ours ; et il alla aussi regarder au fond du terrier ; mais, quand il eut vu ces terribles yeux, la peur le gagna aussi, et, pour éviter d’avoir affaire au monstre, il s’enfuit au plus vite.

L’abeille le rencontra, et, s’apercevant qu’il n’avait pas l’air trop rassuré dans sa peau, elle lui dit : « Eh ! compère, tu fais bien triste mine : qu’est devenue cette gaieté ?

— C’est bien dit, répondit l’ours ; mais il y a dans le terrier du renard un monstre aux regards terribles, que nous ne pouvons faire déloger. »

L’abeille répliqua : « Tu me fais pitié, grand sire ; je ne suis qu’une faible créature, que tu ne