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— Mais pas comme le mien, cher père ; quand je lui dis : « Bâton, hors du sac ! » il s’élance sur ceux qui me veulent du mal et les rosse jusqu’à ce qu’ils en tombent par terre en criant grâce. Avec ce gourdin-là, voyez-vous, j’ai recouvré la table et l’âne que ce voleur d’hôte avait dérobés à mes frères. Faites-les venir tous les deux et allez inviter tous nos parents, je veux les régaler et remplir leurs poches.

Le vieux tailleur alla chercher les parents, bien qu’il n’eût plus grande confiance. Le tourneur étendit un drap dans la chambre, y amena l’âne et invita son frère à prononcer les paroles sacramentelles. Le meunier dit : bricklebrit, et aussitôt les pièces d’or de tomber dru comme grêle, et la pluie ne cessa que quand chacun en eut plus qu’il n’en pouvait porter. (Vous auriez bien voulu être là, ami lecteur.) Ensuite le tourneur prit la table et dit à son frère le menuisier : « A ton tour, maintenant. » A peine celui-ci eut-il prononcé : « Table, couvre-toi, » qu’elle fut servie et couverte des plats les plus appétissants. Il y eut alors un festin comme jamais le vieillard n’en avait vu dans sa maison, et toute la compagnie resta réunie et en fête jusqu’à la nuit. Le tailleur serra précieusement dans une armoire son aiguille, son dé, son aune et son carreau, et vécut en paix et en joie avec ses trois fils.