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Mais le tourneur le guettait depuis longtemps, et, au moment où le voleur donnait une forte secousse, il s’écria : « Bâton, hors du sac ! » et aussitôt le bâton de sauter au dos du fripon et de rabattre comme il faut les coutures de son habit. Le malheureux demandait pardon, miséricorde ; mais, plus il criait, plus le bâton lui daubait les épaules, si bien qu’enfin il tomba épuisé par terre. Alors le tourneur lui dit : » Si tu ne me rends pas à l’instant la table et l’âne, la danse va recommencer.

— Oh ! non, s’écria l’hôte d’une voix faible, je rendrai tout ; fais seulement rentrer dans le sac ce diable maudit.

— Ce serait pourtant justice de recommencer, dit le compagnon, mais je te fais grâce si tu t’exécutes. » Puis il ajouta : « Bâton, dans le sac ! » et le laissa en repos.

Le tourneur arriva le lendemain chez son père avec la table et l’âne. Le tailleur se réjouit de le revoir et lui demanda ce qu’il avait appris.

— Cher père, répondit-il, je suis devenu tourneur.

— Bel état, dit le père ; et qu’as-tu rapporté de tes voyages ?

— Une belle pièce, cher père ; un bâton dans un sac.

— Un bâton ! s’écria le père ; c’était bien la peine ! il y en a autant dans tous les bois.