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la salle et dit : « Table, couvre-toi. » Aussitôt elle fut couverte de mets comme il n’en était jamais sorti de la cuisine de l’auberge, et dont le fumet chatouillait agréablement l’odorat des convives, « Allons, messieurs, s’écria-t-il, à table ! » Voyant de quoi il s’agissait, ils ne se firent pas prier, et, le couteau à la main, ils se mirent à fonctionner bravement. Ce qui les étonnait le plus, c’était qu’à mesure qu’un plat était vide, un autre tout plein le remplaçait à l’instant. L’hôte était dans un coin et voyait tout cela sans savoir qu’en penser ; seulement il se disait qu’un pareil cuisinier lui serait fort utile dans son auberge.

Le menuisier et sa compagnie passèrent joyeusement une partie de la nuit ; à la fin ils allèrent se coucher, et le jeune homme, en se mettant au lit, posa près du mur sa table merveilleuse. Mais l’hôte avait des pensées qui l’empêchaient de dormir ; il se souvint qu’il y avait dans son grenier une vieille table toute pareille. Il alla la chercher sans bruit et la mit à la place de l’autre. Le lendemain, le menuisier, après avoir payé pour la nuit qu’il avait passée, prit la table sans s’apercevoir de la substitution et continua son chemin.

A midi, il arriva chez son père, qui le reçut avec une grande joie. « Eh bien, mon cher fils, lui demanda-t-il, qu’as-tu appris ?

— L’état de menuisier, mon père.