Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée
138

Quand le soir arriva, le diable revint chez lui. A peine était-il entré qu’il remarqua une odeur extraordinaire. « Il y a du nouveau ici, dit-il ; je sens la chair humaine. » Et il alla fureter dans tous les coins, mais sans rien trouver. L’hôtesse lui chercha querelle : « Je viens de balayer et de ranger, dit-elle, et tu vas tout bouleverser ici, tu crois toujours sentir la chair humaine. Assieds-toi et mange ton souper. »

Quand il eut soupe, il était fatigué ; il posa sa tête sur les genoux de son hôtesse, et lui dit de lui chercher un peu les poux ; mais il ne tarda pas à s’endormir et à ronfler. La vieille saisit un cheveu d’or, l’arracha et le mit de côté. « Hé, s’écria le diable, qu’as-tu donc fait ?

— J’ai eu un mauvais rêve, dit l’hôtesse, et je t’ai pris par les cheveux.

— Qu’as-tu donc rêvé ? demanda le diable.

— J’ai rêvé que la fontaine d’un marché, qui versait toujours du vin, s’était arrêtée et qu’elle ne donnait plus même d’eau ; quelle en peut être la cause ?

— Ah ! si on le savait ! répliqua le diable : il y a un crapaud sous une pierre dans la fontaine ; on n’aurait qu’à le tuer, le vin recommencerait à couler. »

L’hôtesse se remit à lui chercher les poux ; il se rendormit et ronfla de façon à ébranler les vitres.