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où l’hôte ne voulait pas le recevoir, même dans l’écurie de peur qu’il n’effarouchât les chevaux. Mais Peau-d’ours ayant tiré de sa poche une poignée de ducats, l’hôte se laissa gagner et lui donna une chambre sur la cour de derrière, à condition qu’il ne se laisserait pas voir, pour ne pas perdre de réputation l’établissement.

Un soir, Peau-d’ours était assis dans sa chambre, souhaitant de tout cœur le fin des sept années, quand il entendit quelqu’un pleurer dans la chambre à côté. Comme il avait bon cœur, il ouvrit la porte et vit un vieillard qui sanglotait en tenant sa tête entre ses mains. Mais en voyant entrer Peau-d’ours, l’homme, effrayé, voulut se sauver. Enfin il se calma en entendant une voix humaine qui lui parlait, et Peau-d’ours finit, à force de paroles amicales, par lui faire raconter la cause de son chagrin. Il avait perdu toute sa fortune, et était réduit avec ses filles à une telle misère, qu’il ne pouvait payer l’hôte et qu’on allait le mettre en prison. « Si vous n’avez pas d’autre souci, lui dit Peau-d’ours, j’ai assez d’argent pour vous tirer de là. » Et ayant fait venir l’hôte, il le paya et donna encore au malheureux une forte somme pour ses besoins.

Le vieillard ainsi délivré ne savait comment témoigner sa reconnaissance. « Viens avec moi, dit-il ; mes filles sont des merveilles de beauté ; tu