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L’HOMME À LA PEAU D’OURS


Il était un jeune homme qui s’engagea dans l’armée : il s’y conduisit bravement, toujours le premier devant les balles. Tout alla bien pendant la guerre mais quand la paix fut conclue, il reçut son congé, et son capitaine lui dit d’aller où il voudrait. Ses parents étaient morts, il n’avait plus de domicile ; il pria ses frères de le recevoir jusqu’à ce que la guerre recommençât. Mais ils avaient des cœurs durs, et ils lui répondirent qu’ils ne pouvaient rien pour lui, qu’il n’était propre à rien, et que c’était à lui à se tirer d’affaire. Le pauvre garçon ne possédait que son fusil ; il le mit sur son épaule et s’en fut au hasard. Il atteignit une grande lande sur laquelle on ne voyait rien qu’un cercle d’arbres. Là il s’assit à l’ombre en pensant tristement à son sort : « Je n’ai pas d’argent je n’ai jamais appris d’autre métier que celui de la guerre, et, maintenant que la paix est faite, je ne suis plus bon à rien ; je vois bien qu’il faut que je meure de faim. »