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plus d’une porte lui restait fermée, de façon qu’il passait des jours entiers sans une miette de pain.

Un jour qu’il avait été depuis le matin jusqu’au soir de porte en porte, et que personne n’avait voulu lui rien donner ni l’héberger pour la nuit, il s’en alla dans un bois et y trouva enfin une maison creusée dans le roc, dans laquelle une vieille femme était assise. « Bonne femme, lui dit-il, recevez-moi chez vous pour cette nuit.

— Non, lui répondit-elle ; je n’oserais pas, quand même je le voudrais. J’ai trois fils qui sont de féroces brigands ; s’ils vous voyaient ici, quand ils vont revenir de leur tournée, ils nous tueraient tous les deux.

— Laissez-moi entrer, dit l’ermite, ils ne vous feront rien ni à moi non plus. »

La vieille eut compassion et se laissa toucher. L’homme se coucha sous l’escalier avec son bâton sous la tête. Elle lui demanda pourquoi il se mettait ainsi ; alors il lui raconta qu’il accomplissait sa pénitence, et que ce bâton devait être son oreiller ; qu’il avait offensé le Seigneur en disant d’un pauvre pécheur qu’on menait au gibet qu’il était payé selon ses mérites. La femme s’écria en pleurant : « Hélas ! si Dieu punit ainsi une simple parole, que deviendront mes fils quand ils paraîtront devant lui au jour du jugement ? »

A minuit, les brigands rentrèrent en faisant