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LES TROIS RAMEAUX VERTS.


Il était une fois un ermite qui vivait dans un bois au pied d’une montagne ; il partageait son temps entre la prière et les bonnes œuvres, et chaque soir il portait, pour l’amour de Dieu, deux seaux d’eau du pied de la montagne au sommet, afin d’arroser les plantes et d’abreuver les animaux : car il régnait à cette hauteur un vent violent qui desséchait tout, et les oiseaux sauvages, qui fuyaient dans ce désert la présence de l’homme, y cherchaient en vain avec leurs yeux perçants de quoi se désaltérer. Pour récompenser sa piété, un ange de Dieu apparaissait à l’ermite, et, quand sa corvée était finie, lui apportait à manger comme à ce prophète qui, sur l’ordre de l’Éternel, fut nourri par les corbeaux.

L’ermite était ainsi parvenu en odeur de sainteté jusqu’à une grande vieillesse, quand un jour il aperçut de loin un pauvre pécheur qu’on menait à la potence. Il se mit à dire : « En voilà un qui est payé selon ses mérites. » Mais le soir, quand il porta