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Et prenant la corde, il emmena promptement le cochon par un chemin de traverse, pendant que l’honnête Jean, dégagé d’inquiétude, s’en allait chez lui avec son oie sous le bras. « En y réfléchissant bien, se disait-il à lui-même, j’ai encore gagné à cet échange, d’abord un bon rôti ; puis, avec toute la graisse qui en coulera, me voilà pourvu de graisse d’oie pour trois mois au moins ; enfin, avec les belles plumes blanches, je me ferai un oreiller sur lequel je dormirai bien sans qu’on me berce. Quelle joie pour ma mère ! »

En passant par le dernier village avant d’arriver chez lui, il vit un rémouleur qui faisait tourner sa meule en chantant :

Je suis rémouleur sans pareil ;
Tourne, ma roue, au beau soleil !

Jean s’arrêta à le regarder et finit par lui dire :

« Vous êtes joyeux à ce que je vois, il paraît que le repassage va bien ?

— Oui, répondit le rémouleur, c’est un métier d’or. Un bon rémouleur est un homme qui a toujours de l’argent dans sa poche. Mais où avez-vous acheté cette belle oie ?

— Je ne l’ai pas achetée, je l’ai eue en échange de mon cochon.

— Et le cochon ?

— Je l’ai eu pour ma vache.

— Et la vache ?