Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

commença à raconter ses chances et la suite d’heureux échanges qu’il avait faits. De son côté, le garçon raconta qu’il portait son oie pour un repas de baptême. « Voyez, disait-il en la prenant par les ailes, voyez quelle lourdeur ! il est vrai qu’on l’empâte depuis deux mois. Celui qui mordra dans ce rôti-là verra la graisse lui couler des deux côtés de la bouche.

— Oui, dit Jean, la soulevant de la main, elle a son poids, mais mon cochon a son mérite aussi. »

Alors le garçon se mit à secouer la tête en regardant de tous côtés avec précaution. « Écoutez, dit-il, l’affaire de votre cochon pourrait bien n’être pas claire. Dans le village par lequel j’ai passé tout à l’heure, on vient justement d’en voler un dans l’étable du maire. J’ai peur, j’ai bien peur que ce ne soit le même que vous emmenez. On a envoyé des gens battre le pays ; ce serait pour vous une vilaine aventure, s’ils vous rattrapaient avec la bête ; le moins qui pourrait vous en arriver serait d’être jeté dans un cul-de-basse-fosse.

— Hélas ! mon Dieu, répondit le pauvre Jean, qui commençait à mourir de peur, ayez pitié de moi ! Il n’y a qu’une chose à faire : prenez mon cochon et donnez-moi votre oie.

— C’est beaucoup risquer, répliqua le garçon ; mais, s’il vous arrivait malheur, je ne voudrais pas en être la cause. »