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RÉFORMES ÉCONOMIQUES.

tages qui étaient réserves autrefois aux personnes riches. De proche en proche, ce système s’est développé jusqu’à l’époque actuelle, où il est devenu fort rare qu’un petit commerçant ou une personne possédant un petit revenu ou un petit capital n’ait pas son banquier.

Y a-t-il quelque raison valable qui empêche en France les mêmes coutumes de s’établir ? Nous répétera-t-on encore que la race ne s’y prête pas ? Est-ce qu’encore une fois les vastes développements que le crédit a déjà pris successivement ne prouvent pas le contraire ?

Je traite plus loin des institutions de crédit populaire qui laissent chez nous tant à désirer. Le lien que de telles institutions offrent avec la prospérité générale est extrêmement sensible. Ce nom de crédit démocratique peut s’appliquer aussi à l’une de ces institutions qui fonctionne à Bruxelles sous le titre de l’Union du Crédit. Les clauses en sont excellentes, le succès en est aussi solide qu’étendu, et elle a sa place chez nous dans l’intérêt des petits commerçants et des petits fabricants. Pourquoi la réussite ne serait-elle pas la même en France qu’en Belgique ? La combinaison simple et spontanée en vertu de laquelle des hommes ne possédant qu’un modeste avoir se rendent solidaires en constituant un fonds de garantie auquel chacun a dû contribuer d’avance pour une part déterminée et proportionnelle au total du crédit qu’il désire obtenir, cette combinaison a-t-elle quelque chose qui en fasse une institution belge exclusivement ? Si à Bruxelles une telle Société a pu se constituer, faire directement l’escompte du papier de ses adhérents, ou des effets qu’ils ont endossés, de telle sorte que le papier de commerce, une fois accepté par l’institution, est accueilli par beaucoup de banquiers, Paris est-il indigne de s’assimiler une pareille entreprise et incapable d’en tirer le même parti ?

Il semblerait naturel que dans un pays démocratique et de fortunes divisées comme est la France, le crédit, sous