Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
RÉFORMES ÉCONOMIQUES.

Si le crédit se développe en raison de la liberté ; si, en fait, les Banques anglaises se sont multipliées en proportion des facilités que la législation leur a données, comment n’en serait-il pas de même des nôtres si la législation s’y prêtait ? Il y a trente ans environ, la Banque d’Angleterre exerçait dans Londres un monopole que la loi lui garantissait. Le texte des actes du Parlement était tel qu’autour d’elle, à Londres et dans la banlieue, il ne pouvait y avoir que des banques fort secondaires. La législation anglaise a été en cela radicalement changée. Aujourd’hui, dans Londres même, on compte plusieurs banques qui font une grande masse d’affaires et donnent aux opérations commerciales un puissant concours, non sans recueillir pour leurs actionnaires de très-gros bénéfices. D’où proviennent ces profits ? Des capitaux que le public leur livre en dépôt et dont elles servent un certain intérêt. On sait que la Banque d’Angleterre n’en paye aucun pour les fonds qu’on lui confie. Lorsqu’on ajoute que c’est avec ces capitaux qu’opèrent les diverses banques de Londres et non avec le leur propre, lorsqu’on calcule la masse des dépôts qui monte à 360 millions de francs, reçue par le plus important de ces établissements, la Banque de Londres et de Westminster, et ses dividendes évalués à 22 pour 100, lorsqu’on vient à songer enfin que les six principales banques de ce genre à Londres ont en dépôt un capital égal à 1 milliard 260 millions, somme à laquelle il faut joindre, pour se faire une idée complète de la puissance du crédit en Angleterre, les dépôts des autres banques établies à Londres et dans le reste du pays, on admire ce que peut un nouveau développement de liberté. Y a-t-il là rien qui empêche la Banque d’Angleterre de prospérer ? Non, assurément. Les services qu’elle rend sont aussi immenses qu’incontestables malgré les défauts de son organisation actuelle. N’y a-t-il point là pour la France, dont l’industrie est appelée par le traité de commerce à