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RÉFORMES ÉCONOMIQUES.

loi de 1844. La presse s’est occupée pourtant de combinaisons ingénieuses qui ôtent en partie à la législation des brevets ce qu’elle a d’abusif. La nouvelle tendance qui se manifeste, c’est qu’il vaudrait mieux, pour l’industrie et pour l’invention elle-même, qu’à part quelques récompenses nationales qui serviront de stimulant, la masse des inventions et perfectionnements fût laissée aux lois habituelles de l’échange, comme en Suisse. Le mouvement qui s’élève en Angleterre avec plus de force encore qu’en France, et à la tête duquel sont placés des hommes aussi considérables que lord Granville et M. Cubitt, et quelquefois des inventeurs d’élite, comme sir William Armstrong, pousse de ce cote. La dernière Exposition, ainsi que l’attestent les rapports des jurés, n’aura fait qu’imprimer une nouvelle force à ce mouvement déjà si prononcé.

Faut-il donc pousser la conviction de l’excellence des bases sur lesquelles repose l’industrie et en général la société française, propriété individuelle, liberté du travail, concurrence, jusqu’à croire que toutes les parties de l’édifice soient ou complètes ou à l’abri de toute critique ? Nous ne nous croyons pas engagé à un tel optimisme. Aussi bien, une telle perfection serait un privilège que n’a présenté encore aucune civilisation. Sans viser à la perfection absolue, il y a encore bien des réformes à accomplir. Nous l’avons prouvé déjà pour l’instruction et pour divers points d’économie publique. Nous avons réservé pour la fin de ce chapitre deux sujets unis assez étroitement entre eux, sur lesquels nous reviendrons en détail, mais desquels il est impossible de ne pas dire dès à présent au moins un mot le crédit et l’association.

Il faut rendre le crédit plus accessible aux masses sans porter atteinte aux conditions fondamentales sur lesquelles repose sa sécurité. C’est là une des plus impérieuses nécessités et aussi une des difficultés économiques de notre temps. S’il y a des rêveurs qui, après de longues réflexions,