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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

attestent d’ailleurs que ce bel art de l’imprimerie est en décadence. Quelque multiples que puissent en être les causes, comment douter que le défaut de liberté en soit une des plus efficaces ? Le monopole des courtiers, au moment où nous écrivons, est fort menacé. Le désir de procurer à l’État la ressource des fonds de cautionnement ne fut pas étranger à la création de ce monopole et de quelques autres du même genre, à l’époque du Consulat. En 1816, ils reçurent, moyennant une aggravation de cautionnement, comme un nouveau baptême. Depuis 1816, le cautionnement s’est beaucoup développé en France. N’est-il donc pas manifestement contraire à la liberté et à l’interêt des commerçants de leur imposer dans leurs transactions un certain nombre d’intermédiaires déterminés ? S’adresser à qui ils veulent, n’est-ce pas là leur droit évident, et voit-on ici que quelque intérêt public justifie la suspension de ce droit ? Le courtier n’étant pas garant, on se demande à quoi il sert. Que penser aussi de certains procès faits par les courtiers aux représentants que le commerce avait librement choisis ? Cela ne nous reporte-t-il pas à une époque où le travail était, sur une vaste échelle, considéré comme un privilège ?

Les dégrèvements d’impôt sont enfin de véritables mesures d’affranchissement pour le travail. Non pas que l’industrie réclame l’exemption des impôts nécessaires aux besoins de l’État ; non pas que le mal occasionné par les taxes, à moins qu’elles ne soient très-lourdes, égale pour le travail celui des monopoles et des prohibitions administratives. Mais c’est ici une question de mesure. Il est tel cas où la réduction des impôts sur certains produits est pour tout le monde, y compris le fisc, une excellente affaire. Croit-on que l’entrée en franchise des machines, qui serait si profitable à l’industrie nationale, et qui est presque de droit pour elle, tant c’est une condition même de son succès, croit-on que cette entrée en franchise ne serait