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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

France. Les écoles des arts et métiers à Chatons, à Angers et à Aix, donnent un enseignement plus général. On cite depuis trente ans à Lyon l’école de La Martinière, qui forme surtout d’excellents contre-maîtres. Les écoles professionnelles de Mulhouse et de Lille visent plus haut. L’étude des langues vivantes y est utilement combinée avec celle des sciences appliquées et du dessin. À Paris, l’École supérieure du commerce, fondée par M. Blanqui, et que dirige aujourd’hui M. Gervais (de Caen), le collége Chaptal, dirigé par M. Monjean, l’école municipale Turgot, dirigée par M. Marguerin, fournissent à l’industrie et au commerce des sujets instruits. Ces établissements offrent un mélange d’études littéraires, scientifiques et industrielles. Tout cela est bon, excellent, mais encore insuffisant. Qu’on songe seulement qu’aujourd’hui les écoles spéciales fournissent à peine six cents jeunes gens pour recruter annuellement le personnel de l’industrie française, et que l’on songe aussi que le nombre total des individus engagés dans la pratique industrielle est d’environ douze cent mille ! Avec des Sorbonnes industrielles comme est le Conservatoire, comme est même l’École centrale, on peut former d’excellents états-majors. C’est beaucoup encore une fois, mais cela ne suffit pas à donner à l’armée du travail de bons soldats. Or, aujourd’hui les bons soldats sont au moins aussi nécessaires pour remporter la victoire que les bons généraux on le voit dans toutes les espèces de guerre. Ce qu’il faut aussi, c’est un bon corps d’officiers et de sous-officiers. D’excellents juges estiment que, en vue de ce résultat, il est nécessaire non-seulement de multiplier les établissements d’enseignement intermédiaire, mais d’y établir une distinction qu’on n’a pas encore posée d’une manière assez nette entre l’enseignement professionnel, l’un devant être plus complet, l’autre devant être plus technique. Ils distinguent trois degrés dans l’enseignement industriel, qui s’élèvent