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RÉFORMES ÉCONOMIQUES.

d’une des obligations qu’il lui appartient de librement remplir. À d’autres égards, l’instruction obligatoire ne présente-t-elle pas des difficultés d’application sérieuses ? La question est très-délicate, mais la conclusion à laquelle il y a lieu de s’attacher n’est pas douteuse ; il faut que l’instruction primaire se répande et devienne une réalité, au lieu d’être pour beaucoup une lettre morte. Si ce n’est directement par des pénalités, du moins indirectement par tous les moyens praticables, il faut que nul n’échappe à l’obligation de l’instruction primaire.

Nous venons de voir que les moyens d’instruction primaire existent en France, quoique imparfaits. En revanche, les éléments mêmes de l’enseignement industriel font presque partout défaut. C’est à ces conclusions très-nettement exprimées qu’aboutit le rapport sur l’enseignement industriel[1]. L’insuffisance de l’apprentissage frappe presque partout les yeux. La masse est médiocrement instruite. La spécialité excessive a tout envahi, au point que la plupart des ouvriers sont dans l’incapacité absolue de rien faire en dehors de l’unique besogne à laquelle ils sont habitués, besogne réduite à un très-petit nombre d’opérations. Peu savent un métier à fond et méthodiquement. Le haut enseignement industriel a ses centres dans le Conservatoire des Arts et Métiers, dans l’École centrale des Arts et Manufactures, dans l’École des Ponts et Chaussées et dans celle des Mines, quoique ces deux derniers établissements aient déjà un caractère bien spécial. L’agriculture compte aussi trois grandes écoles spéciales, à Grignon, à Grandjouan, La Saussaye. C’est aussi fort utile. Mais ce qui manque presque complètement, c’est la moyenne instruction industrielle, mise à la portée de la masse de nos producteurs. Très-peu d’établissements de ce genre existent en

  1. MM. Morin et Tresca.