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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

une certaine mesure ; le nivellement absolu, je l’ai déjà dit, est une chimère, il est de plus un défi jeté à la civilisation, qui ne se conserve et ne se développe que grâce à la division et à la hiérarchie des fonctions. Nul progrès dans l’égalité communiste, qui n’est que l’abaissement universel du niveau. Mais, si elle laisse les inégalités se produire et même si elle les développe, la concurrence n’est pas moins égalitaire, en ce sens qu’elle empêche les parts des différentes catégories de producteurs de s’accroître abusivement. Je n’entends pas seulement par là, ce qui est déjà immense, qu’elle met obstacle au privilége et au monopole. Le nivellement équitable et naturel qu’elle établit tient à une cause plus profonde. Les profits grossissent-ils dans un des emplois du capital, la concurrence y porte les capitaux, et les profits qui tendaient démesurément à s’y accroître au préjudice de l’égalité, y baissent rapidement. C’est ainsi qu’elle rétablit l’équilibre.

On dit qu’une société démocratique doit protéger les faibles. Si on entend seulement que par l’éducation le travailleur soit préparé aux luttes de la vie, si on veut encore que les incapables et les impuissants, réduits à la misère rencontrent les secours de l’assistance, on à bien raison. La liberté économique a encore à s’instruire, son éducation est incomplète. L’instruction primaire et l’enseignement professionnel doivent lui venir en aide. L’augmentation de la force productive de l’individu profite a tous. Il n’en est pas en effet des luttes de la production comme de celles de la guerre. Les combats de la production libre n’impliquent point, en dépit d’une figure de rhétorique dont on abuse, la nécessité de vainqueurs et de vaincus. L’un sera millionnaire, ce n’est pas une raison pour que l’autre ne trouve pas à vivre. Il y a place pour tous au soleil, sous la condition de la bonne conduite, et si tous ne se mettent pas folle-