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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

et politiques, cet anéantissement de la personne elle-même au profit de l’État, cette organisation en grand, non pas du travail, comme on le dit, mais de la paresse, car l’effet bien connu de tout régime de communauté est d’énerver le mobile de l’intérêt privé pour y substituer le ressort relativement bien faible, quand il s’agit, non de se battre, mais de travailler, de l’intérêt général. A quoi conduit un tel système ? On a pu le voir plus d’une fois, au jeûne universel.

Que les amis de l’organisation du travail par l’État ne nous reprochent pas de confondre avec le communisme tous les plans que le socialisme a conçus. Pour aller jusqu’au communisme, il ne leur faudrait qu’un peu plus de logique. Fourier, lorsqu’il règle la répartition des produits, tient compte de ce triple élément le travail, le talent, le capital. Le communisme ne déborde-t-il pas pourtant dans le phalanstère ? N’est-ce pas une organisation uniforme ? A quoi servirait-il de reprendre les uns après les autres les systèmes de Cabet, de Louis Blanc, d’Owen, de Saint-Simon ? C’est une tâche qui a été remplie et bien remplie. Après tout, il n’est guère à craindre que la France se mette à la gamelle communiste. On dit qu’il y a encore dans nos campagnes des communistes qui rêvent le partage des terres. Faut-il prendre au sérieux ce rêve imbécile de la cupidité ? Que quelques paysans endettés ou envieux, peut-être l’un et l’autre, regardent le château avec une haine jalouse du fond de leurs chaumières, qu’ils attendent l’occasion d’agrandir leur parcelle aux dépens du parc ou de la forêt de leur voisin, qu’est-ce en présence de la grande masse de la propriété territoriale moyenne et petite, plus soucieuse de garder son bien que de prendre celui d’autrui ? Ce communisme envieux du bien d’autrui a existé de tout temps. Il a été prévu par celui des commandements divins qui enjoint de ne point convoiter ni le champ du prochain, ni son