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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

plus saillant d’une telle recherche, c’est que les profits du capital baissent par le seul fait de l’abondance des capitaux et de la sécurité, tandis que la part du travail va s’élevant ; en d’autres termes, les salaires montent, en même temps que l’intérêt, qui baisse, met plus facilement le capital à la portée des travailleurs, et que le moindre prix d’une foule de produits rend la vie de l’ouvrier moins pénible.

Ce spectacle d’une égalité accrue ne nous cachera pas de navrantes misères, des inégalités trop choquantes par leur excès. S’il est faux que le paupérisme soit un mal nouveau, si les formes qu’il prend sous nos yeux sont seules contemporaines de l’industrie moderne qui l’a concentré et rendu visible comme une plaie sur quelques points du territoire ; si nos pères l’ont connu plus hideux encore, sous l’aspect de cette mendicité armée enrôlant des milliers d’hommes, qui parcourait les campagnes quand elle ne trouvait pas à vivre aux portes des couvents, et sous les traits de cette ignoble truanderie qui souillait nos villes par ses impuretés, ses crimes, ses misères et ses honteuses maladies ; s’il y a un progrès irrécusable du bien-être, attesté par la comparaison de tous les témoignages et avant tout par l’accroissement de la vie moyenne et probable ; si les extrémités de l’opulence et de la misère tendent à se rapprocher et à se fondre pour ainsi dire dans les classes moyennes, dont le cercle s’élargit sans cesse ; si enfin il y a moins de distance morale qu’autrefois par la nature des idées et le développement des sentiments entre l’homme des hautes classes ou des classes moyennes et l’ouvrier qui a reçu quelque éducation ; si