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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

L’accroissement de la vie moyenne, c’est, en somme, l’alimentation meilleure, le logement plus salubre, le vêtement plus hygiénique, la tempérance mieux pratiquée, plus de raison, plus d’épargne, plus d’ordre. L’accroissement de la vie moyenne, c’est plus de corps arrachés à la misère, plus d’âmes arrachées au crime et au vice ; c’est le gage certain pour un État d’une civilisation plus avancée, d’une sécurité plus assurée, d’une charité plus active, d’un sentiment de la responsabilité devenu plus général, d’une égalité plus grande.

V

Le progrès économique de notre moderne société démocratique est donc une vérité désormais acquise, quelles que soient les ombres dont il se mêle. Pour en juger, il ne faut point se placer, comme le font les écoles systématiquement hostiles à l’idée de progrès, au point de vue absolu. Sûr moyen de tout condamner, que de comparer une société composée d’hommes, et une société qui entre à peine dans l’exercice de ses droits, à un idéal de perfection ! Le progrès dont il s’agit est un progrès humain, c’est-à-dire imparfait, lent, mais dont la lenteur diminue, à mesure que les idées, les connaissances, les pro-


    née sur le précédent, il ne vivra que 70 ans ; le marchand de vins qui se livre à une foule de petits trafics plus ou moins avouables n’atteint que 39 ans ; le garçon d’hôtel ou de café qui vit au milieu du gaz, des lumières, des odeurs méphitiques, ne vivra que 30 ans ; enfin les plus mauvaises conditions de vie sont pour les fondeurs, les plombiers, les doreurs, les préparateurs de cheveux, les fabricants de limes et de tabac, pour tous ceux enfin qui respirent des atomes volatilisés, dont l’absorption est, sinon mortelle, du moins très-pernicieuse. Le danger de ces professions disparaîtra bientôt. » (PHILARÈTE CHASLES, dans le discours cité plus haut sur le progrès, prononcé dans le grand amphithéâtre de l’École de médecine, à la demande de l’Association polytechnique.)