Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
375
DU PROGRÈS.

métal, déjà se substitue à l’action de l’homme dans une foule de travaux insalubres, et produit d’excellents résultats pour la dorure et l’argenture.

« Si des produits de luxe nous abordons ceux d’une plus modeste industrie, ceux d’un usage général, universel, les allumettes chimiques, par exemple, nous verrons que ces humbles produits, fabriqués aujourd’hui sans danger, sont une des plus extraordinaires conquêtes de la science. Le phosphore délayé en pâte agissait d’une manière terrible sur les ouvriers employés à cette préparation, et produisait sur eux les effets les plus cruels ; cette manipulation, par une carie toute spéciale, leur enlevait les dents, la mâchoire inférieure et les cheveux ; au bout de cinq à six ans, ils étaient saisis d’un tremblement nerveux qui les réduisait à l’état de cadavre. La science a trouvé un moyen fort simple de conjurer ce danger. Que l’ouvrier boive matin et soir une limonade basée sur l’acide sulfurique, et il pourra impunément se livrer à ces travaux.

« Les mines de plomb qui abondent en Angleterre et en Suède coûtaient chaque année la vie à plus de 20,000 hommes. Les expansions, les éruptions subites des gaz délétères les asphyxiaient. La lampe de Davy est venue mettre un terme à ce danger professionnel. Davy entoura la flamme de sa lampe de toiles métalliques dont la présence neutralise l’effet meurtrier des miasmes délétères des mines.

« Tous les travaux qui provoquent une ingestion de poussière, d’atomes moléculaires absorbés par les voies respiratoires, tels que ceux du tailleur de pierre, du repasseur, du maçon, du préparateur de cheveux, étaient mortels en peu de temps ; la science a constaté que l’homme en laissant croitre l’appendice, qui faisait l’horreur de la cour de Louis XIV, l’ornement de la face virile, la barbe et la moustache, puisqu’il faut les nommer, pouvait se soustraire à l’absorption de ces dangereuses molécules qui viennent toutes s’attacher à la barbe et