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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

présence de ces deux résultats, bon marché croissant des produits manufacturés, croissante augmentation des salaires, doublés dans l’industrie agricole depuis 1789, très-accrus dans les diverses industries manufacturières, oserait nier une amélioration évidente ?

La santé des ouvriers, trop sacrifiée jusqu’ici, est l’objet de soins et d’attentions auxquels le progrès industriel donnera lui-même plus d’efficacité. C’est ce que démontrait récemment par de curieux détails un éminent professeur devant un auditoire d’ouvriers qu’il cherchait à convaincre de la réalité du progrès tout en montrant qu’il sait lui-même en apprécier les hautes et difficiles conditions. Parlant des ouvriers occupés dans les travaux d’une nature dangereuse ou délétère, et faisant au mal la part malheureusement trop grande encore qui lui appartient « Les uns, disait M. PHilarèle Chasles, ensevelis dans la mine, en extrayent les métaux, symboles de la richesse ; d’autres périssent en nous créant ces objets de luxe qui sont aujourd’hui considérés comme de première nécessité, ces glaces, ces miroirs dans lesquels s’admirent si complaisamment les femmes ; à combien d’hommes ces merveilleux objets ont-ils coûté la vie ! Il n’est pas jusqu’au doreur de ces brillantes bordures qui ne paye de sa santé la gloire de rehausser les produits de la verrerie, car l’emploi des substances dangereuses, la manipulation de l’or, de l’argent, du cuivre, l’exposent à l’épilepsie, à la paralysie nerveuse. État meurtrier dont la science par ses précieuses découvertes a de nos jours conjuré en partie les dangers. Grâce aux travaux combinés de la physique et de la chimie, on est parvenu à modifier les conditions de cette lutte de l’homme contre la nature, et chaque jour signale une nouvelle victoire ; bientôt l’homme pourra impunément soumettre à sa volonté les matières les plus dangereuses. La galvanoplastie, qui est l’action du métal sur le