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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

sévérité sur le modèle. Nous savons tout ce qui manque à notre agriculture pour égaler l’agriculture anglaise, tout ce qui lui manque pour être à la hauteur de ses destinées. En examinant ce qui lui fait défaut, nous arriverions à cette conséquence que c’est non pas le respect des principes démocratiques de liberté et d’égalité dont on signalait le danger qui a produit cette imperfection, mais ce qui est resté au contraire encore de trop incomplet dans l’application de ces mêmes principes. Telles étaient au dehors, jusqu’à une époque toute récente, les lois prohibitives, les lois de renchérissement qui protégeaient mal l’agriculture française et qui retombaient sur elle en affectant le prix des instruments qu’elle emploie et des engrais qui lui sont nécessaires. Tels sont, au dedans, les empêchements mis à la transmission facile des terres par la lourdeur des frais de mutation et de procédure, par les défauts du régime hypothécaire. L’économie politique, au nom du principe de personnalité, de liberté, recommande la propriété individuelle, comme pouvant seule donner à la terre sa plus haute valeur. Ce principe, la démocratie française l’a consacré par la division de la


    l’agriculture ? Non. Je ne sache pas qu’on lui attribue cette vertu. Aura-t-elle pour résultat d’étendre et de propager la connaissance des bonnes méthodes agricoles ? Tout aussi peu ; elle n’y prétend aucunement. Si donc il était en son pouvoir, ce qu’à Dieu ne plaise, de créer par force et artificiellement de grandes propriétés, que ferait-elle ? Elle déposséderait simplement la classe agricole ; elle substituerait à un grand nombre de propriétaires actifs, laborieux, un petit nombre de grands propriétaires qui dissiperaient à Paris le revenu de grandes terres mal cultivées, et une classe de cultivateurs mercenaires qui, privés à la fois et de lumière et de cette ardeur clairvoyante que l’esprit de propriété excite et entretient, deviendraient indolents, grossiers et misérables. Nous ne rendrions pas la France semblable à l’Angleterre, nous la rendrions semblable à l’Irlande. »