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DU PROGRÈS.

origine la plus éclatante. C’est donc la France qui, après nous avoir fourni quelques indications positives, nous offrira les éléments nécessaires pour discuter certaines objections communes et persistantes contre la réalité du progrès économique. Prenons d’abord à part la propriété foncière et les classes qui s’y trouvent directement intéressées, puis la bourgeoisie dans laquelle s’incorpore plus particulièrement le capital mobilier, puis les ouvriers, sans attribuer à ces classifications un peu arbitraires plus de valeur qu’elles n’en ont, et en ayant soin d’indiquer pour la nation prise dans sa masse les résultats qui l’intéressent tout entière : rapide enquête qui ne doit comprendre que les faits les plus généraux, les résultats les plus décisifs comme les plus exacts.

C’est à la propriété foncière et dès lors à l’agriculture, cette mère nourricière de toutes les industries, cette source principale de l’alimentation publique, qu’un coup fatal et irrémédiable allait être porté, disait-on, par l’inauguration de la liberté civile et économique qui, d’une part, faisait disparaître de la possession de la terre les priviléges artificiels et de sa vente les entraves dont l’ancienne législation l’avait rendue l’objet, et qui, d’autre part, la plaçait par la nouvelle loi de succession sous le régime démocratique de l’égatité[1]. À quelles sinistres prophéties ce nouveau régime donna lieu, tout le monde le sait, ; il y a encore aujourd’hui tout un parti qui, par la persévérance qu’il met à les répéter, ne permet pas qu’on l’oublie. Nous ne voulons pas tracer ici un tableau trop complaisant, dont les traits flattés feraient reporter ensuite les regards avec plus de

  1. Aujourd’hui encore plusieurs écrivains réclament le droit d’aînesse et les substitutions au nom de l’intérêt agricole. Nous leur répondrons avec l’autorité accrue des faits ce que disait M. le duc de Broglie combattant en 1826 le rétablissement du droit d’aînesse « La loi qu’on nous propose aura-t-elle pour résultat de créer des capitaux appropriés à