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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

avances ? On signale là, nous le reconnaissons, une situation réelle, quelquefois fort grave, mais qui est susceptible d’être adoucie, qui l’est déjà, qui le sera davantage, tout l’annonce, dans ce qu’elle a de trop rigoureux, par l’épargne, par les institutions de prévoyance, par l’association, par l’instruction du travailleur ; il ne faut point d’ailleurs songer à la supprimer. Il est inévitable et désirable que, dans une certaine mesure, très mobile, le capital ait une supériorité sur le travail actuel. C’est cette supériorité qui en fait rechercher la possession et qui le rend un objet d’actifs efforts et d’une vive émulation. Si nulle supériorité ne s’attachait au travail antérieur et à l’épargne, pourquoi épargner ? L’activité laborieuse serait sans lendemain, et les dissipateurs auraient cause gagnée.

Pour en finir avec ce qui est relatif à la liberté, je ne connais guère de principe plus démocratique que la liberté du commerce. Elle tend à l’union des peuples, et, quoi qu’on en ait dit, elle est le plus puissant encouragement donné au travail national, dont on l’accuse d’être ennemie. Dès que l’économie politique a vu une portion de cette bourgeoisie, à laquelle on lui reproche de se montrer trop favorable, s’attribuer des privilèges, de véritables redevances, sous la forme de droits élevés placés sur les produits étrangers similaires, elle a réclamé, au nom du droit commun et de l’intérêt général.

D’accord avec la liberté, l’économie politique l’est-elle avec l’égalité ? En thèse générale, je ne crois pas que ces deux choses soient séparables. La première égalité, la