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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

Il faut d’abord que l’homme réalise des progrès comme être intelligent, c’est de toute évidence ; il n’y a pas de travail qui ne suppose un rapport souvent très-compliqué des moyens à la fin qu’on se propose ; les produits les plus matériels de l’industrie, les plus humbles et les plus usuels ne sont au fond que des idées réalisées. La guerre que l’homme fait à la nature est la guerre de l’intelligence contre la force. Les sciences sont ses instruments. Le progrès scientifique donne donc déjà une haute vraisemblance au progrès économique. On n’a pas besoin que je rappelle les preuves de ce progrès scientifique, preuves dont nous accablent les mathématiques, la physique, la chimie, l’histoire naturelle, l’astronomie, la géologie. Il serait de même superflu de citer les applications de la science aux différents arts, les procédés et les inventions qui en sont sortis, pour ainsi dire, à flots pressés. On n’a pas besoin d’entendre nommer une fois de plus la boussole, le télescope, l’imprimerie, la poudre à canon, la vapeur et sa puissance productive si étonnante, si imprévue, le télégraphe électrique, toute la foule des découvertes utiles à la navigation, au commerce, à la culture, à la fabrication, et finalement à la richesse et au bien-être[1]. Je ferai remarquer seulement que notre système des poids et mesures, nos institutions de crédit, nos assurances, sont fondés aussi sur des calculs, reposent aussi sur des données scientifiques. Ainsi, ce n’est pas seulement la production, c’est aussi la circulation rapide, féconde à son tour, de la richesse, qui a sa base dans la science. Le jeu même de cette

  1. La Profession de foi du XIXe siècle, de M. E. Pelletan, est le plus complet plaidoyer en faveur du progrès, plaidoyer dont la poésie n’exclut pas la précision, notamment en ce qui concerne l’économie politique. Les brillantes pages consacrées au capital et à la monnaie peuvent entre autres être avouées par la science la plus sévère, comme celles où l’auteur raconte et célèbre les grandes inventions industrielles.