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INTRODUCTION.

la nature le devienne. C’est en ce dernier sens que le problème se résout davantage chaque jour, par le concours des agents naturels, concours auquel nous n’entrevoyons point pour ainsi dire de bornes assignables. Que la démocratie le sache bien, sans le progrès du capital, il ne serait pas même question d’elle au sens favorable et bienfaisant dans lequel nous l’avons définie. Le cadre étroit des démocraties purement politiques de l’antiquité n’eût guère été dépassé. Un petit nombre de maîtres, une masse obéissante d’ilotes, voilà le spectacle que donnerait le monde. Aujourd’hui même, dans les contrées où il y a peu de capital, on peut nommer entre autres les immenses régions de l’Orient, malgré la beauté du climat et la richesse du sol, la très-grande majorité des hommes vit dans la misère et dans un état d’abaissement voisin de l’esclavage.

Je ne m’appliquerai pas à répondre avec de longs développements aux imputations répétées avec une si redoutable persistance d’exploitation habituelle et systématique du travail par le capital. S’il s’agit d’abus, comme dans le cas, par exemple, des excès de travail de l’enfance, l’économie politique les combat elle-même. Si l’on veut désigner sous ce nom odieux d’exploitation un fait général, rien n’est moins fondé entre le capital et le travail, l’exploitation est pour ainsi dire mutuelle, puisqu’ils sont indispensables l’un à l’autre, et que le laboureur ne peut guère plus sans la charrue et les chevaux ou les bœufs, que ces instruments n’ont de puissance sans le laboureur. Désigne-t-on une supériorité habituelle du capital qui peut attendre, sur le travail qui ne le peut, faute de suffisantes